mardi 16 février 2010

compte rendu de lecture

Feyerabend, Contre la méthode, traduction française, Baudouin jurdant et Agnès Schunberger, paris, éd.du seuil, 1979, chap. 17.
Auteur du XXIème siècle, Paul Karl Feyerabend est un philosophe viennois. Sa contribution en philosophie des sciences est grande. Dans la mesure où il aborde plusieurs problèmes qui gangrènent l’épistémologie contemporaine. On pense notamment à la définition de cette discipline, au réalisme, au relativisme, à la méthode, à la démarcation de la science d’avec la non science, à l’objectivité etc. Dans Contre la Méthode, plus précisément dans son chapitre 17 qui est l’objet de notre préoccupation, il met en exergue l’incommensurabilité en science. Qui est un appel à la pluralité de théories, à leur incomparabilité, à l’ouverture de la science à d’autres disciplines qui pourraient participer à sa compréhension. Aussi dans cette partie, nous avons l’éternel problème de la démarcation et l’appel de l’enfant terrible au relativisme en raison de la complexité que revêt la réalité. Avant de défendre sa thèse sur l’incommensurabilité, il commence par présenter la thése de la stabilité, par la suite l’incommensurabilité développée par Lakatos et Kuhn.
Le problème de la démarcation reste un très crucial en philosophie des sciences. Parce qu’elle a fait couler beaucoup d’encre. Et aussi, d’après certains auteurs à l’instar de Wittgenstein par exemple, il empêche à la science d’être confondu à la non science. Pour cet auteur : « la science est l’ensemble des énoncés vrais » . Les autres énoncés à savoir les énoncés faux doivent être classés comme étant de la non science. Dans cette perspective donc la science est comparable à la non science. Et elle est même supérieure. En ce sens que c’est elle qui permet d’aboutir à la vérité. Bien plus, le précurseur du cercle de vienne s’est intéressé à la question du langage en science. En effet, il pense qu’on parle une langue comme on joue. Avec des règles bien déterminées. Sa pratique et sa pédagogie. « Les règles disent comment la langue doit être écrite. Quand elle porte sur la syntaxe, elle renvoie à l’ordre des mots dans la phrase. Quand elle porte sur la sémantique elles disent comment se constituent les significations dans une langue» .On comprend d’après ce qui précède qu’il n’y a pas de place pour le hasard en ce qui concerne la langue. Cette thèse sur le langage va être le point d’appui des thèses qui ont précédées Feyerabend. Commençons par celle de Whorf puis celle de Niels Bohr.
Pour Whorf, «les langues et les types de réactions qu’elles impliquent ne sont pas seulement des instruments servant à décrire les évènements (faits, états de choses) mais aussi les façonnent : leur « grammaire »contient une cosmologie, une conception générale du monde, de la société, de la situation de l’homme, qui influence la pensée, le comportement et la perception ».
Ceci signifie premièrement que les langues et leurs significations différentes les unes les autres. Deuxième, la langue permet de décrire les faits mais aussi les changements. Troisièmement la conséquence qui en découle est que chaque langue en fonction des mots qu’elle utilise et de la signification qu’elle en donne est une vision du monde, un « mode de vie » une manière le comportement et la conception. C’est pourquoi il arrive très souvent que les personnes d’une même localité ou qui parlent un même dialecte aient une même façon de voir les choses. D’ou cette célèbre formule « dis-moi d’où tu viens et je te dirais qui tu es».
Aussi, Whorf pense que « la cosmologie d’une langue est exprimée en partie par l’usage manifeste des mots, mais elle repose aussi sur des classifications « qui n’ont pas de signe distinctif (…) mais qui opèrent par l’entremise d’un central invisible établissant tout un réseau de relations, de manière à déterminer certains autres mots indiquant sa catégorie » .Certains mots dans le langage très souvent sont utilisés pour désigner le genre humain. Sans distinction de sexe. Cependant chacun des mots employés désigne soit « une femme », soit « un homme ». Mais ces détails ne sont pas ressentis dans le discours jusqu’à ce que cela s’avère nécessaire.
Grosomodo, nous avons vu avec Whorf que les langues naturelles ont des significations différentes. Et par conséquent ne peuvent être comparées les unes les autres. C’est également le cas pour les théories scientifiques telles que la théorie aristotélicienne du mouvement, la théorie de la relativité, la théorie des quanta, la cosmologie classique et moderne. C’est en raison de cette différence qu’elles sont incommensurables c’est également dans le même sens que Bohr affirmait : « la tache de la science est à la fois d’étendre le champ de notre expérience et de le réduire à l’ordre » .
Il n’y a pas moyen de saisir la transition d’une attitude à l’autre. L’image perçue dépend « d’attitudes mentales » qui peuvent être changées à volonté. On peut objecter à cette théorie instrumentaliste que tout changement de langue n’est pas obligatoirement fonction de changement perceptif.
Pour cette école, nous jugeons ou percevons les objets avec les lunettes de notre culture. C’est pourquoi « notre attitude envers d’autres races, ou envers ceux dont l’héritage culturel est différent, dépend souvent d’attitudes « pétrifiées» de la seconde espèce : ayant appris à lire les visages selon une formule standard, nous portons des jugements standard et sommes égarés » . Feyerabend illustre cette attitude dogmatique par un exemple d’attitudes physiologiquement déterminant qui conduit à l’incommensurabilité : c’est le développement de la perception humaine comme Piaget et son école l’ont suggéré.
La perception d’un enfant passe par différents stades avant d’atteindre la relative stabilité de la forme adulte. Il existe ainsi un stade ou les objets semblent se comporter tout à fait comme des images persistantes et sont traités comme telles : l’enfant suit l’objet des yeux jusqu’à ce que cet objet disparaisse ; il ne fait pas le moindre effort physique minime, du reste déjà à sa portée. Il ne montre même aucune tendance à chercher ce qui va de soi « Conceptuellement parlant ». Car il serait absurde de chercher une image persistante dont le concept est tout à fait étranger à l’image perceptive d’objets matériels, change la situation de manière spectaculaire. Il se produit une réorientation radicale des modes de comportement, et, comme on peut l’imaginer, des modes de pensée. Des images persistantes ou des expériences analogues existent encore, mais elles sont maintenant difficiles à trouver et doivent être découvertes par des méthodes spéciales. De telles méthodes sont solidaires d’un nouveau système conceptuel et ne peuvent pas faire resurgir exactement les mêmes phénomènes que ceux du stade antérieur. Ni les images persistantes ni les pseudo-images persistantes n’ont de place spéciale dans le nouveau monde. Elles ne sont pas traitées comme des évidences sur lesquelles la nouvelle notion d’un objet matériel pourrait reposer. Elles ne peuvent pas non plus être utilisées pour expliquer cette notion, car les images apparaissent en même temps qu’elle ; elles en dépendent et donc sont absentes de l’esprit quand il ne reconnait pas encore les objets matériels ; quant aux pseudo-images persistantes, elles disparaissent aussitôt qu’une telle reconnaissance a eu lieu, de sorte que le champ perceptif ne contient jamais à la fois des images persistantes et des pseudo-images persistantes.
Nous pouvons tirer de cet exemple au moins deux conclusions. Chaque stade de perception a une façon propre d’observer et de percevoir l’objet. Le passage d’un stade à un autre n’est pas une continuité ou cumulation du stade « a » d’avec le stade « b » c’est plutôt une discontinuité et le progrès se fait voir par l’utilisation des méthodes spéciales. Seulement ce changement ou cette évolution au lieu d’être continuelle se stabilise à l’âge adulte. Ce qui peut paraitre paradoxal. Dans la mesure où à cet âge là le système nerveux de l’homme est déjà constitué. Et il arrête d’agir par simple reflexes archaïques. Mais il refuse de développer sa perception, d’apporter différentes interprétations aux choses qu’il perçoit pour s’enfermer dans les règles pré établies ou encore pour parler comme le pire ennemi de la science, il refuse d’échapper aux « lunettes poppériennes ».Or, on doit développer de nouvelles relation perceptives et conceptuelles y compris celles implicites. Et cela ne peut être possible que si on admet que chaque mode de présentation a ses limites ; « le changement scientifique en passant d’un mode d’expression à un autre, rend souvent inconcevable ce qui était concevable auparavant et produit ainsi une transformation fondamentale dans la cosmologie : nous entrons dans un nouveau monde, contenant de nouvelles entités, aux rapports nouveaux et surprenants. Ces traits du changement scientifique sont souvent dissimulés par des méthodes de reconstruction et d’interprétation qui se concentrent sur le formalisme, négligent les relations implicites et tiennent pour acquis que fondamentalement, la science la science s’occupe d’un domaine unifié d’événements à savoir : les observations ou les états de faits classiques ».
C’est contre cette façon dogmatique de voir la science que Feyerabend propose le « style archaïque » tel que le définit Emanuel Loewy dans son ouvrage sur l’art de la Grèce antique a les caractéristiques suivantes :
- La représentation d’une forme dépend du contour qui peut garder la valeur d’une ligne indépendante ou être constitué par les limites d’une silhouette.
- En général, les figures montrent leurs différentes parties sous leur aspect le plus complet même cela entraine une maladresse dans la composition, et « un certain manque de respect pour les rapports spatiaux » : on donne aux différentes parties leur valeur connue, même quand cela s’oppose à la manière dont elles sont vues par rapport à l’ensemble.
L’auteur de Contre la méthode conclut alors que : « le style archaïque change à la suite de nombreuses observations délibérées de la nature qui modifient les pures images mentales ».Il est donc le résultat d’un effort conscient plutôt que celui d’une réaction naturelle aux dépôts internes de stimuli externes. « Au lieu de rechercher les causes psychologiques d’un style nous devrions donc plutôt essayer de découvrir ses éléments, analyser ses fonctions, les comparer avec d’autres phénomènes de la même culture et arriver ainsi à définir les grandes lignes de l’image sous-jacente du monde, sans oublier d’expliquer la manière dont cette image du monde, influence la perception, la pensée, le raisonnement, et les limites qu’elle impose aux divagations de l’imagination » . Dans cette perspective le savoir est le résultat d’une enquête complexe, menée à partir de points de vue appropriés.
Le mode présentation archaïque est identique à celle d’un anthropologue étudiant l’image du monde d’une association de tribus. Quand un anthropologue essaie de découvrir la cosmologie d’une tribu, il apprend la langue et les habitudes sociales fondamentales. Il tient compte même des activités qui peuvent apparaitre à première vue sans importance. Dans la mesure où celles-ci peuvent être d’une grande importance pour la compréhension de cette tribu. « Chaque élément d’information est une pièce apportée à la construction de la compréhension, ce qui signifie qu’il doit être clarifié par la découverte d’autres pièces dans la langue et l’idéologie de la tribu, plutôt que des définitions prématurées. Des affirmations comme : les Nuer ne peuvent pas parler du temps ainsi de suite » .
Il faut donc faire feu de tout bois. Avoir une attitude d’ouverture, et se dire que c’est en prenant en compte même les plus petits détails qu’on peut arriver à quelque chose de bien. Pour Feyerabend la méthode anthropologique est celle correcte pour étudier la structure de la science. Même si ce point de vue ne peut pas être partagé par les logiciens ni même les philosophes radicaux. Pour mieux percevoir cette opposition, prenons un auteur comme Gédymin que l’auteur cite dans cette partie. Pour lui, la logique « est un système qu’il affectionne particulièrement, et qui est assez général, mais qui n’inclut certainement pas tout domaine. Une étude logique de la science (…) est une étude des groupes de formules qui appartiennent à ce système, de leur structure, des propriétés de leurs constituants ultimes (intersection, extension, etc), de leurs conséquences, et des modèles possibles » . Pour Giedymin ouvrir la science à une autre discipline pourrait être la cause des imperfections qui surviennent pendant la recherche. C’est pourquoi l’attitude d’ouverture doit être écartée d’une analyse satisfaisante. « La science est une axiomatique + un modèle théorique + des règles de correspondance + un langage d’observation » . Mais la position de Giedymin contribue à ralentir les progrès scientifiques. Parce que vue sous cet angle, la science fonctionne comme une église. Et ceci est contradictoire quand on regarde la façon dont la science fonctionne comme une église. Et ceci est contradictoire quand on regarde la façon dont la science a fonctionné depuis l’antiquité. Ce qui a permis l’essor de la science c’est la liberté de pensée qui animait les scientifiques, leur envie de découvrir de nouvelles choses. L’idée que la science n’a pas encore été achevée. Et les auteurs comme Hanson, Kuhn, Lakatos… montrent que les logiciens négligent non seulement les traits ornementaux inessentiels de la science, mais ces trais même qui la font progresser et lui permettent d’exister. Pour les philosophes naïfs, la vérité scientifique nous est donnée directement. C’est pourquoi les énoncés implicites sont intolérables. Et sont classés comme étant de la non science. Pourtant c’est de tels énoncés qui nous permettent de découvrir de nouvelles idées, celles différentes de ce qui est généralement admis. Feyerabend encourage même une telle attitude dans la recherche « la contre –induction ». Partir de ce qui n’est pas admit pour enrichir la science. Le chercheur doit alors trouver les éléments pour renforcer sa théorie avant de la confronter à d’autres théories concurrentes. C’est ça son principe de tenacité.Car construire une nouvelle conception du monde et un bouveau langage est un processus qui prend un temps considérable. « En science aussi bien qu’en méta-science : les termes du nouveau langage ne deviennent clairs que lorsque le processus est suffisamment avancé pour que chaque mot isolé se trouve le centre de nombreuses lignes qui le relient à d’autres mots, d’autres phrases, à des parties de raisonnement des gestes qui tout d’abord paraissent absurdes mais qui deviennent parfaitement raisonnables une fois ces liens établis » .
Toute discipline ne prend corps qu’à partir du moment où il y a des éléments de discussion suffisants pour lui servir de point de départ et de terrain de vérification. De même une théorie adéquate de la signification et de l’incommensurabilité ne peuvent exister qu’après qu’un nombre suffisant de faits aient été rassemblés pour faire de cette théorie quelque chose de plus qu’un exercice de gymnastique conceptuelle. Or l’investigation dit Popper, « débute avec un problème, et se poursuit par sa solution. Cette caractérisation n’envisage pas que des problèmes puissent être mal formulés, ni qu’on puisse étudier les propriétés d’objets et de processus que des conceptions ultérieures déclareront inexistants. Il s’ensuit que les problèmes de cette seconde espèce ne sont pas résolus : ils sont dissous et éliminés du domaine de la recherche légitime » . Pour Popper la recherche commence quand il y a un problème en science, et son but c’est de trouver des solutions pour remédier au problème de l’heure. Si elle est incapable de le faire, elle doit être immédiatement remplacée. C’est par exemple le cas pour le problème de la vitesse absolue de la terre qui a été dissous par la théorie de la relativité. Et le problème de la trajectoire des électrons dans une expérience d’interférences qui s’est résolu grâce à la théorie des quanta.
De plus, Popper est cumulativiste. Il pense que la science se fait par étage. Que le progrès de la science est linéaire. Exemple si on a une théorie T1, elle doit pouvoir expliquer la théorie T0. Pour sa part, chaque nouvelle théorie est meilleure que les théories qui l’on précédées. « La nouvelle théorie doit retrouver les succès de l’ancienne, elle doit échapper à ses échecs et faire des prédictions supplémentaires ».
On voit de ce qui précède que le cumulativisme ne fait pas bon ménage avec l’incommensurabilité qui est plutôt discontinue. Mais on ne pas suivre cette thèse cumulativiste jusqu’au bout sans nous heurter à des difficultés. Car elle pose préalablement que, les classes de contenus de différentes théories peuvent être comparées. Une relation d’inclusion, d’exclusion ou d’intersection peut être établie entre elles. Pourtant les théories parce qu’elles sont différentes ne peuvent être comparées. C’est le cas de la relativité opposée à la mécanique classique qui est un exemple patent de deux cadres incommensurables. Comme autres exemples nous pouvons citer la théorie des quanta opposée à la mécanique classique, le matérialisme opposé au dualisme esprit –matière.
Cependant, à la suite de Popper, shapere a aussi essayé de montrer que les théories incommensurables ne sont pas seulement rares, mais qu’elles sont philosophiquement impossibles. Il a critiqué l’incommensurabilité que Feyerabend voit entre la théorie de l’impétus d’Aristote et la mécanique de Newton. En disant qu’il voit un grand nombre de (…) ressemblance et de continuité entre les deux théories.
La réponse que l’enfant terrible donne à cette critique est que la notion d’impétus était définie à partir d’une loi suspendue par Galilée et Newton. Et qui pour eux, cesse d’être un principe pour la constitution de faits. Bien plus, Feyerabend reconnait quels cadres et les concepts incommensurables peuvent exhiber de nombreuses ressemblances structurelles. Mais ça n’empêche pas que les principes universels d’un des cadres sont suspendus par l’autre. C’est cela même qui établit l’incommensurabilité malgré toutes les ressemblances qu’on pourrait découvrir. Les théories peuvent être interprétations, et incommensurables dans d’autres. C’est le cas de l’instrumentalisme, qui rend commensurables toutes les théories liées au même langage d’observation et interprétées à partir de ce langage. Un réalisme d’autre part, veut rendre compte de façon unifiée, à la fois de l’observable et du non observable, à cette fin, il se servira des termes les plus abstraits de n’importe quelle théorie pour les besoins de sa cause. Il se servira de tels termes soit pour donner un aux énoncés d’observation, soit pour donner un sens aux énoncés d’observation, soit pour remplacer leur interprétation habituelle.
Pour la plus part des empiristes, la théorie est collé aux faits « la science a pour intention ultime de systématiser les données de notre expérience » . Les théories scientifiques possèdent une signification, mais leur signification est seulement due au rapport avec l’expérience. Mais, si les termes théoriques ne peuvent pas être utilisés pour corriger l’interprétation des énoncés d’observation qui est elle-même donnée comme la seule et unique source de leur signification. Il se peut que le réalisme tel que décrit ici soit impossible. Partant que l’incommensurabilité ne peut pas paraitre aussi longtemps que nous restons à l’intérieur d’une méthode scientifique empiriste. Il n’y a qu’une seule chose que nous pouvons exiger d’une théorie, c’est qu’elle nous donne une image correcte du monde, c’est-à-dire de la totalité des faits, tels qu’ils sont constitués par ses propres concepts fondamentaux. Ainsi, les théories incommensurables peuvent être réfutées en découvrant les contradictions internes dont elles souffrent. Mais leur contenu ne peut être comparé. Il n’est pas non plus possible de porter un jugement sur leur vraissemblance, sauf dans les limites d’une théorie particuliére.De sorte qu’aucune des méthodes affirmant que les théories à comparer peuvent être mises en relation déductive ne peut ici être appliquée.
L’idée d’incommensurabilité est déjà présente chez Kuhn. Il a remarqué que « différentes théories (programmes de recherches, paradigmes) utilisaient des concepts qui ne peuvent pas être réduits aux relations logiques habituelles d’inclusion, d’exclusion, d’intersection ; mais faisaient voir les choses différemment, et retiennent des méthodes différentes pour organiser la recherche ainsi que les règles d’évaluations de ses résultats » . Avec Kuhn ; c’est la combinaison de tous ces éléments qui met un paradigme à l’abri des difficultés et le rend incomparable aux autres paradigmes. Ici on a affaire à une psychologie singulière.
Pendant que l’incommensurabilité chez Kuhn correspond à l’incommensurabilité des paradigmes, avec Feyerabend elle correspond à une disjonction déductive. Et le critère de comparabilité est une étiquette que lui colle de nombreux critiques. Même s’il reconnait qu’une comparaison au niveau du contenu ou de la vraisemblance était hors de question.
L’incommensurabilité en science, cherche à démontrer que le progrès en science n’est pas du à l’application des règles strict et dogmatiques comme celles d’une démarche consistant à s’écarter des idées reçues et des théories dominantes. A s’ouvrir à d’autres modes de vie. Afin que la quantité de théories alternatives pour un domaine de discussion augmente. Tout en étant incommensurable. La théorie pragmatique selon laquelle la signification d’un énoncé d’observation est déterminée par son usage, et la théorie phénoménologique selon laquelle elle est déterminée par le phénomène, qui nous fait l’affirmer comme vraie cèdent place au réalisme pragmatique de Feyerabend selon lequel l’interprétation d’un langage d’observation provient de la théorie qui explique ce que nous observons, et change aussitôt que cette théorie change.



par NDJANJO NDEDI EMMA-MAXIMINE
PHILO3
PRESIDENTE DU FAS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire