mardi 16 février 2010

compte rendu de lecture de problems of empiricism de paul feyerabend

Les empiristes logiques à l’instar de Schlick, Carnap etc., soutiennent l’idée selon laquelle l’expérience ne se suffit pas à elle-même. Elle n’a pas besoin de la théorie pour être comprise. C’est plutôt celle là qui lui donne un sens : « les théories scientifiques possèdent en effet une signification, mais leur signification est seulement due au rapport avec l’expérience ». C’est ce problème traditionnel de la science, le monisme ; qui amène Feyerabend à rédiger Problems of empiricism. Notre tache consiste à expliciter le chap. 8 qui en lumière le pluralisme théorique. L’auteur d’Against method soutient l’idée suivant laquelle le pluralisme est source de progrès. Dans la mesure où c’est en multipliant les théories que nous pouvons avoir la chance de tomber sur une bonne. Avant de développer sa thèse il présente d’abord celui de Kuhn et Lakatos. Qui pensent l’un et l’autre que la science fonctionne comme un paradigme ou un programme de recherche. C’est l’ouverture de la théorie centrale à d’autres théories qui entraine la révolution scientifique. Mais la conception feyerabendienne ne conçoit pas un paradigme standard ou un noyau dur. Plutôt une prolifération continuelle des théories vue qu’elles sont incommensurables les nues les autres.

Le problème traditionnel est celui du monisme soutenu par les partisans du cercle de vienne. Ils soutiennent l’idée selon laquelle les faits se suffisent à eux-mêmes : « Sola experencia ». La science fonctionne comme une église avec les règles pré établies. Elle est alors dogmatique. A la suite du cercle de vienne, nous avons Popper qui apporte un renouveau en proposant la critique à la science. « The idea that knowledge can be avanced by a struggle of alternative views ». Sir Karl voyait en la critique un moyen de faire progresser la science. C’est ainsi qu’il conclut que n’est science que toute discipline pouvant s’ouvrir à la critique. On comprend alors dans cette mesure pourquoi d’après lui la psychanalyse et le matérialisme historique de Karl Marx ne sont pas de la science ; car ils ne sont pas réfutables. Seulement pour le pire opposant du cercle de vienne, la science peut se définir comme étant une recherche de la vérité et les valeurs qui l’accompagne comme favorables à cette recherche. C’est pourquoi toute démarche qui ne recherche pas la vérité n’est pas de la science. La science est une « progression raisonnée et peut être asymptotique ». C’est ce qu’il nomme la « véri-similitude » ou encore la « véri-similarité ». Entendons par là la ressemblance à la vérité. La science est alors une progression au moyen de critique.
Pour cet auteur, la progression se fait par cumulation, par étage, le progrès est linéaire. Si par exemple on a une théorie 2, elle doit être à même d’expliquer la théorie T1 et T0. Aussi, chaque nouvelle théorie est meilleure que celles qui l’on précédées. « La nouvelle théorie doit retrouver les succès de l’ancienne, elle doit échapper à ses échecs et faire des prédictions supplémentaires ».
Pour Popper, l’investigation scientifique débute avec un problème, et se poursuit par sa solution. Cette caractérisation n’envisage pas que des problèmes puissent être mal formulés, ni qu’on puisse étudier les propriétés d’objets et de processus que des conceptions ultérieures déclareront inexistants. Il s’ensuit que les problèmes de cette seconde espèce ne sont pas résolus : ils sont dissous et éliminés du domaine de la recherche légitime. C’est un tel point de vue que Feyerabend traite de dogmatique et ceci ne favorise pas l’éclosion de la science. C’est contre le positivisme militant que les partisans de l’autoritarisme élitiste s’insurgent : Kuhn, Lakatos.
Pour Kuhn, le progrès scientifique ne se fait pas par cumulation comme chez Popper. Mais par discontinuité. Les théories scientifiques sont incommensurables les unes les autres. Il a remarqué que différentes théories utilisaient des concepts qui ne peuvent pas être réduits aux relations logiques habituelles d’inclusion, d’exclusion, d’intersection ; mais faisaient voir les choses différentes pour organiser la recherche ainsi que les règles d’évaluation de ses résultats.
Les chercheurs sont influencés chacun par leur milieu ; Leur éducation. Et ils voient les chosent comme leur environnement les a amenés à les voir. Dans la Maât, plus précisément dans l’article qui porte sur la théorie kuhnienne de la perception, Eugène Emboussi Nyano illustre l’exemple de Kuhn au sujet de deux individus en présence du canard et du lapin. Et il constate qu’ils peuvent voir des choses différentes : canard pour l’un et lapin pour l’autre. « L’apprentissage par ostension contribue au conditionnement de l’appareil sensible de la maniére, et on récompense une réaction sensible, et on en pénalise une autre. Le procédé est celui du conditionnement instrumental : la réaction récompensée est intégrée dans le processus nerveux, elle devient un reflexe. C’est dans ce sens que Kuhn parle de programmation(…). Programmer, c’est introduire des « habitudes » dans l’organisme ».
On comprend donc que pour Kuhn, nous ne percevons que comme nous avons appris à percevoir, c’est-à-dire selon les attentes créées en nous par le programme éducatif. C’est ainsi que les scientifiques engagés dans une théorie ou un programme sur les paradigmes se comportent comme des gens ayant adopté un mode de vie. Comme ce mode de vie leur parait naturel, il regarde naturellement le monde en se servant des lunettes que celui-ci leur fournit. Comme ces lunettes sont adaptées au monde qu’elles servent ; avoir ce monde nous parait évident dénué de contradiction comme étant le monde. C’ est pourquoi l’auteur des révolutions scientifiques, tout comme Feyerabend ne critique pas ce caractère partisan de la science ou des écoles scientifiques, que les choses auxquelles nous sommes habituées nous paraissent lire le monde tel qu’il est. Ce qu’ils disent c’est que si notre adhésion à des théories scientifiques est quelque chose de semblable à l’adhésion à un mode de vie il se trouve qu’il puisse avoir d’autres manières de lire le monde, de s’accommoder à sa factualité. On peut entretenir plusieurs modes de vie en même temps, même s’ils sont contradictoires.
Pour Kuhn, chaque scientifique est guidé dans sa recherche par un paradigme. Et la science normale présuppose nécessairement la révolution. Il appelle science normale, les énigmes. Les scientifiques résolvent les petites difficultés de la théorie en s’ouvrant à d’autres théories. Chez Kuhn le progrès scientifique c’est le passage de la science normale à la science révolutionnaire. Et on retombe encore après dans la science normale. C’est une conservation permanente.On a donc affaire à une psychologie singulière.
Parlons maintenant de la fonction normale .Premièrement, elle accepte que le paradigme soit comme un guide pour le scientifique. « As a glance at any baconian natural history or a survey is vasly too complex to be explored even approximately at random ». Ce point de vue n’est pas nouveau. Il était déjà soutenu par Bacon. Et il cache comme idée maitresse que la construction du savoir nécessite un guide. Parce qu’il ne se meut pas de lui-meme.Il a besoin d’une théorie et d’un chercheur pour lui donner un sens. Kuhn « defends not only the use of theoretical assumptions but the exclusive choice of one particular set of ideas, the monomaniac concern wiht only one singel point of views. He defends such a procedure first, because it plays a role in actual science as he sees it .He defend it also for a second reason that is somewhat more recondite as the prerences behind it are not made explicit. He defends it because he believe that its adoption will in the end lead to the overthrow of the very same paradigm to which the scientists have restricted themselves in the first place ».
La science pure ou mature enferme le chercheur dans son paradigme et l’empêche de se détacher de sa théorie. Les autres théories satellites servent juste à résoudre les difficultés rencontrée par la théorie en vigueur sans toute fois la changer c’est ce que Lakatos appelle « noyau dur ».Parce que la science mature de Kuhn ne tient pas compte de la nature, parce qu’elle donne la primauté à la théorie qu’elle est difficile à suivre. Feyerabend dégage à cet effet trois difficultés de l’argument fonctionnel. D’abord il ne comprend pas comment le désir de la révolution peut voulu par Kuhn. Vue que si ce dernier veut un changement nous avons quelque de mieux. « It is impossible to say this because pre-revolutionary and post-revolutionary paradigms are frequently incommensurable ».
Ensuite l’autre difficulté vient de ce que Lakatos nomme « noyau dur »de la transition science normale /révolution .Le noyau dur nous révèle les éléments que nous ne voulons pas amender. C’est pourquoi this « such elements would force us to consider different way of bringing about a révolution ». C’est enfin impensable qu’un chercheur puisse réfuter un paradigme pour la simple raison qu’il n’arrive pas à le comprendre. Et non parce qu’il a des arguments contre. « Killing the representatives of the status quo would be another way for braeking up a paradigm.
Ce qu’il y a lieu de faire c’est de trouver les éléments susceptibles de l’enrichir à fin de la rendre claire. C’est de cette façon que procède beaucoup de disciplines scientifiques, de même que les théories « l’on doit apprendre à discuter avec des termes inexpliqués et à utiliser des phrases pour l’usage desquelles on ne dispose pas encore des règles claires (…) de même l’inventeur d’une nouvelle conception du monde doit être capable d’énoncer des absurdités jusqu’à ce que la somme d’absurdités créées par lui et ses amis soit assez grande pour donner un sens à toutes ses parties » c’est ainsi que la logique classique n’arriva sur scène que quand il eut des éléments de discussion suffisants pour lui servir de point de départ et de terrain de vérification. L’arithmétique se développa sans que le concept de nombre soit compris clairement ; il ne fut comprit que lorsqu’il exista une somme suffisante de faits arithmétiques pour lui donner corps. C’est ça le principe de ténacité chez Feyerabend.Tenacity « means that one is encouraged not just to follow one’s inclination but to develop them further, to raise them, with help of criticism to a higher level of consciousness » and proliferation means that there is no need to suppress even the most outlandish product of the human brain. Every one may follow his inclinations and science, conceived as a critical enterprise, will profit from such an activity.
Pour Kuhn, la science normale est une succession entre la période normale et les révolutions scientifiques. La période normale est moniste. Et les révolutions sont pluralistes jusqu’à ce que le nouveau paradigme qui émerge ait un support suffisamment solide pour retourner à la science normale. La transition entre la science normale et la révolution se fait par une comparaison entre le paradigme en vigueur d’avec les théories alternatives. Pour Kuhn, la prolifération ne vient pas après la révolution. « A little imagination and a little more historical research then shows that proliferation not only immediately precedes revolution, but that it is there all the time. Science as we know is not a temporal succession of a normal periods and of proliferation, it is their juxtaposition ». C’est pourquoi Feyerabend s’accorde avec le model de Lakatos selon lequel la relation entre la prolifération et la révolution est une, de simultanéité et d’interaction. Seulement une question se pose si la science consiste en une constante interaction entre la période normale et la révolution si c’est cette interaction qui lui permet d’avancer, pourquoi les éléments de la révolution se font voir en de rares occasions ?
Feyerabend pense que nous ne devons pas attendre la révolution. On doit la provoquer. La science est une révolution permanente, les nouveaux problèmes, nécessitent de nouvelles solutions. Il ne faut pas attendre qu’un paradigme soit en difficultés pour l’ouvrir à d’autres théories. Même les éléments normaux, ceux qui sont approuvés par la majorité peuvent être passible d’un changement. Parce que la nouvelle génération peut avoir elle aussi une autre vision des choses. Ou encore parce qu’un scientifique de renom a décidé de voir les choses autrement. Bien plus, encore si l’un des membres influents de cette théorie meurt. C’est pourquoi Feyerabend dit des révolutions qu’elles sont «the outward manifestation of a change of a normal component than cannot be accounted for in any reasonable fashion ». Ce point de vue de l’enfant terrible de l’épistémologie contemporaine sur sa conception des révolutions scientifiques peut-il faire avancer la science ?

La théorie scientifique si on s’en tient à Feyerabend a besoin d’être muri avant de s’ouvrir à la critique. Et cet exercice prend un temps considérable. Dans cette perspective, notre paradigme en vigueur qui doit être protégé par nous .Si tel est le cas, définir la science comme une révolution permanente devient paradoxal. Parce que la révolution ne peut subvenir que s’il y a déjà une théorie. Sans théorie il n’y a pas révolution. On comprend qu’il y a deux moments. Le point de vue de Kuhn peut donc être à reconsidérer.
Aussi, la science a besoin de quelque chose de stable, sa substance. Ce qui reste ou qui résiste à tout changement. Sinon on tombe dans l’anarchie et on ne sait plus si on est dans la science ou dans la non science. Quand on accepte l’argument de la prolifération, on a tendance à tout mélanger, à prendre n’importe quoi pour injecter dans le domaine de la science et ceci au lieu de nous rapprocher de la vérité peu plutôt nous en éloigner. Chaque disciple a ses principes de bases qui la régissent et la distingue des autres. On ne peut pas utiliser par exemple la biologie, pour la chimie, la philosophie etc. pour expliquer le théorème de Pythagore. Sous prétexte qu’on doit s’ouvrir au monde. Cet argument est faible est très pauvre même pour être soutenable. Cependant, Feyerabend pense t-il que parce qu’il faut faire feu de tout bois. Tout bois est bon pour tout feu ?
Pour Feyerabend, tout ne peut pas faire la science. C’est pourquoi il pense que les théories doivent coller avec la pratique. Les nouveaux problèmes nécessitent de nouvelles solutions. Et la théorie doit toujours être collée aux faits et vice versa. C’est pourquoi théorie et fait sont inséparables ; vu que les faits génèrent leurs propres théories.
Une autre nouveauté de l’enfant terrible est qu’il critique la conception moniste. Qui donne la primauté aux faits. A Celle-là, il oppose le pluralisme qui n’est ni dogmatique, ni radical, mais raisonnable. Elle donne la chance à tout le monde de participer à l’édifice de la science. Parce que la science n’est pas seulement une affaire d’élites mais de tout le monde. C’est pourquoi les scientifiques doivent rendre compte de leur découverte. Aussi, parce qu’ils sont financés dans leur recherche par l’Etat.
Bien plus, pour le pire ennemi de la science, même si une théorie ne correspond pas encore aux faits, même si elle ne nous parait pas claire, ce n’est pas pour autant que nous devons la rejeter. « Si nous ne connaissons pas la vérité, si les théories et les programmes que nous avons peuvent être balayés avant même que nous ne comprenons l’intérêt, alors ce qu’il y a affaire c’est s’enfermer sur nos théories et tenter de leur donner le meilleur développement avant de les confronter à la critique ». On comprend dans cette mesure que c’est l’intuition du scientifique est primaire et que la critique apparait comme secondaire. Ceci vient de ce que le progré, est du coté de l’intuition du chercheur. Une intuition qui n’est pas assez solide pour résister aux arguments qui peuvent lui être opposés même si cela ne stipule pas que cette intuition est fausse. Par conséquent il serait irrationnel d’abandonner cette intuition parce qu’elle serait écartée par la critique. Il faut alors mettre en quarantaine la critique le temps de constituer sa substance. Si on s’ouvre à la critique elle disparait et elle perd le pouvoir de renouvellement à la science.
Un argument de type historique est appelé en renfort Feyerabend, Kuhn et Hanson soulignent que dans l’histoire des sciences on a souvent vu que les scientifiques ne sont pas ouverts que celle. Qu’ils ne se pressaient pas de critiquer leurs doctrines mais de les protéger. Quelque part ils ont raison de le faire parce que c’est une telle attitude qui a permis à la science de progresser. Derrière cet argument, on peut percevoir la critique que Feyerabend adresse à la philosophie des sciences. Le fait qu’elle soit basée sur les principes qu’elle veut universels, qui peuvent être rationnellement défendables mais qui ne correspondent en rien à la pratique de la science.
Feyerabend pense qu’il est très important voire nécessaire que les scientifiques tiennent compte de la pratique réelle de la science et non plus uniquement de leurs principes généraux quelque beaux qu’ils soient. Ce qu’il y a lieu de faire c’est de trouver les éléments susceptibles de l’enrichir à fin de la rendre claire. C’est de cette façon que procède beaucoup de disciplines scientifiques, de même que les théories « l’on doit apprendre à discuter avec des termes appliqués et à utiliser des phrases pour l’usage desquelles on ne dispose pas encore des règles claires(…) de même l’inventeur d’une nouvelle conception du monde doit être capable d’énoncer des absurdités jusqu’à ce que la somme d’absurdités créées par lui et ses amis soit assez grande pour donner un sens à toutes ses parties » c’est ainsi que la logique classique n’arrive sur scène que quand il eut des éléments de discussion suffisants pour lui servir de point de départ et de terrain de vérification. L’arithmétique se développa sans que le concept de nombre soit compris clairement ; il ne fut compris que lorsqu’il exista une somme suffisante de faits arithmétiques pour lui donner corps. C’est ça le principe de ténacité chez Feyerabend. Tenacity « means that one is encouraged not just to follow one’s inclination, but to develop them further, to raise them, with help of criticism to a higher level of articulation and there by raise their defence to higher level of consciousness ». And proliferation means that there is no need to supress even the most outlandish product of the human brain. Everyone may follow his inclinations and science, conceided as a critical enterprise, will profit from such an activity.



Au final, Feyerabend dans ce chapitre se préoccupe du progrès scientifique en passant par une critique de l’empirisme radical qui une entrave à cette évolution. Et il pense que pour que celui-ci soit possible il faudrait que les hommes de science puissent être ouverts à la critique. Qu’ils acceptent la pluralité des opinions, le relativisme parce que la réalité est très complexe et ne se lit pas de la même façon par tout le monde. Chacun à sa manière de lire le monde qui est influencée par son environnement, sa langue etc. Aussi, nous devons ne pas donner à la science la place qu’elle ne mérite pas. A savoir la poser comme supérieure à d’autres disciplines. Parce qu’elles sont incommensurables les unes les autres.






par NDJANJO NDEDI EMMA-MAXIMINE
PHILO3
PRESIDENTE DU FAS

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